Aider son prochain, c’est bien, mais jusqu’où pouvons-nous aller sans nous épuiser ?

Courtoisie

Vous avez une âme de bon samaritain et vous voulez sauver la planète : jusqu’où êtes-vous prêt à aller et dans quel but ?

Certes, l’entraide permet de tisser des liens d’amour, d’amitié, voire professionnels très précieux. Cependant, le piège est de tomber dans l’asservissement. Comment avez-vous développé cette âme de sauveur ? Est-ce un problème de dépendance affective ? Comment savoir où il faut s’arrêter, sans culpabiliser ? Avez-vous peur de passer pour un « sans cœur », si vous ne volez pas au secours de tous ceux qui vous entourent ?

Comment avez-vous développé cette âme de sauveur ?

Vous êtes parti du mauvais pied en pensant que l’amour et l’amitié pouvaient « s’acheter ». Comme vos parents vous ont rejeté, bien que vous ayez couru après, vous conservez la même stratégie avec tout être vivant qu’il soit bien ou mal intentionné : vous voulez plaire, attirer l’attention, qu’on vous aime, qu’on vous apprécie, bref, que l’on voit que vous existez. Car, une fois de plus, nous retombons sur ce maudit besoin de reconnaissance qui vous habite et qui vous pousse à vous « prostituer ». Vous y laissez votre santé, votre argent, même vos valeurs, vous donnez tout et surtout ce que vous n’avez pas et vous y perdez votre dignité. Esclave de vos mauvaises programmations, vous servez votre prochain, oubliant de vous respecter et vous faire respecter. Les autres vous traiteront comme vous vous traitez : avez-vous déjà vu quelqu’un éviter un paillasson parce qu’il est beau, pour ne pas l’abîmer ? Si vous vous mettez à plat ventre devant les autres, ne soyez pas surpris qu’ils s’essuient les pieds sur vous.

Est-ce un problème de dépendance affective ?

C’est effectivement un problème relevant de la dépendance affective et émotive. Vous êtes émotivement dépendant des autres êtres humains et vous avez viscéralement besoin d’eux pour combler le vide intérieur et combattre votre peur de la solitude. Ce fameux vide créé par des parents défaillants qui aurait dû le remplir d’amour, vous tentez de le combler en attirant l’attention des autres. Par manque de reconnaissance, d’affection et de protection dans votre enfance, votre confiance et votre estime de vous ne se sont pas développées suffisamment pour que vous soyez autonome affectivement. La peur du jugement et de la critique, la culpabilité, la peine, la peur de l’isolement, de la solitude vous habitent et contrôlent vos gestes. Vous acceptez tout et n’importe quoi du moment que vous êtes en interaction avec vos congénères. Vous ne faites pas la différence entre « rendre service » et « être au service de » : vous êtes toujours le premier à proposer votre aide, mais quand c’est vous qui êtes dans le besoin, il n’y a aucun abonné aux numéros que vous avez composés.

Comment savoir où il faut s’arrêter, sans culpabiliser ?

Pour commencer, il est important d’établir si vous êtes en mesure d’aider celui ou celle qui en a besoin. Souvent, il s’agit d’argent et vous prêtez l’argent que vous avez ou n’avez pas. J’ai personnellement, dans une vie précédente de dépendance, distribué mes sous comme des bonbons en oubliant totalement que c’était ceux de la banque : grand cœur ou imbécile ? Savoir aussi que pour sauver une personne de la noyade, si elle a la même corpulence que vous ou plus imposante, vous coulerez avec elle, si vous n’êtes pas formé à cette discipline. Évaluez si l’aide que l’on vous demande est dans vos cordes et, surtout, si la relation que vous entretenez avec cette personne est unilatérale ou repose sur un échange équilibré : donner et recevoir de façon équivalente (et non donner ou recevoir). Puis, assurez-vous que l’aide que l’on vous demande est ponctuelle et non « chronique » : vous pouvez assister une personne, mais attention de ne pas en faire une assistée. Si quelqu’un refuse d’apprendre à nager et que vous passez votre temps à le tenir par le fond du maillot de bain pour qu’il ne coule pas, c’est stérile. Lâchez donc son fond de culotte, car vous l’empêchez d’apprendre à nager. Et peut-être a-t-il besoin de prendre une bonne tasse en coulant comme un fer à repasser pour toucher le fond, se prendre en main et remonter. Vous ne pouvez sauver personne et vous n’êtes responsable de personne que de vous-même.

Avez-vous peur de passer pour un « sans cœur », si vous ne volez pas au secours de tous ceux qui vous entourent ?

La culpabilité, c’est le poids des autres que vous acceptez de porter : imaginez une brouette que vous poussez, de votre conception à aujourd’hui, pleine du fumier (excréments ?) des autres, certains assis au sommet du tas de saleté. Chaque être humain doit être considéré comme responsable de lui-même et a le choix de se prendre en main ou de s’asseoir dans la brouette des autres ou de ne pousser aucune brouette. Bien sûr, refuser d’aider un ingrat vous attirera ses foudres et vous serez traité d’égoïste. Dans le monde du déséquilibre, celui qui n’aide pas ou n’aide plus, alors qu’il l’a toujours fait devient nombriliste, jugé par ceux qui l’exploitaient. Dans le monde des gens équilibrés, celui qui ne tend pas la main à une personne qui l’utilise passe pour quelqu’un qui se respecte et se fait respecter. Et, sincèrement, je préfère passer pour une « sans cœur » aux yeux des gens déséquilibrés plutôt qu’être traitée comme un paillasson. L’entraide fleurit, quand elle pousse dans un terreau généreux. Et la générosité est une belle qualité, quand on la diffuse à des personnes qui en bénéficient et non qui en profitent. Le pire, c’est que plus les ingrats profiteront de vous, plus ils en riront ! Ils vous traiteront comme vous vous comportez : si vous vous traînez à leurs pieds, ils vous considèreront comme un esclave et n’auront pour vous aucune considération.

« Aide-toi, le Ciel t’aidera », ce qui signifie bien que même Dieu, si l’on croit en lui, ne peut aider personne sans son concours. Alors, pourquoi, vous, le bon samaritain, vous pourriez aider tout le monde sans y laisser votre santé, votre argent et votre dignité ? C’est de la dépendance affective et vous êtes émotivement et viscéralement soumis aux autres pour vous faire aimer. Le paradoxe étant que plus vous courrez après eux, plus ils vous mépriseront.

Rendez-vous service aussi en vous respectant !

Un article de Pascale Piquet, la spécialiste de la dépendance affective et du Bonheur !

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