Les regroupements lanaudois d’organismes communautaires autonomes demandent des engagements clairs aux partis politiques

Courtoisie

Dans le cadre de la campagne électorale québécoise, la Table régionale des organismes communautaires autonomes de Lanaudière (TROCL) tenait sa troisième conférence de presse, le 26 septembre, dans le cadre des élections québécoises.

Ce sont six regroupements d’organismes communautaires autonomes lanaudois qui sont venus exprimer l’importance de ce qu’accomplissent les organismes dans la région. Malgré que les organismes soient soutenus par 1200 travailleuses et travailleurs, plus de 1000 administratrices et administrateurs, 5000 bénévoles, militantes, militants et personnes impliquées et que 100 000 personnes franchissent leurs portes annuellement, les enjeux du mouvement communautaire autonome sont absents de la campagne électorale. « Alors que nous représentons une richesse collective, que notre impact social et économique est fortement reconnu et que nous soutenons des milliers de personnes, pourquoi les partis politiques ne parlent par de notre mouvement dans les campagnes électorales ? » se demandent le directeur de la TROCL, Hugo Valiquette.

Des engagements pour la population

Richard Miron, représentant du Regroupement des organismes communautaires alternatifs en santé mentale de Lanaudière (ROCASML) est venu réclamer du gouvernement des engagements clairs : « le gouvernement doit d’abord investir pour assurer la disponibilité, l’accessibilité et la salubrité des logements ; pour des politiques alimentaires qui favoriseront des initiatives pour contrer le gaspillage alimentaire, la diversification du panier d’épicerie et valoriser les commerces de proximité et dans des mesures incitatives pour favoriser le maintien des personnes à l’emploi, et ce de diverses manières, dont par exemple, en permettant de combiner aide sociale de base et travail à temps partiel au-delà d’un maximum de 200 $ ; à investir dans les programmes de santé et de services sociaux pour favoriser la diversité des soins en santé mentale et finalement en assurant la réelle gratuité scolaire.» En misant sur l’ensemble de ces engagements, cela visera à mettre de l’avant l’équité des chances pour toutes et tous, et à favoriser par le fait même des conditions de vie gagnantes pour les Québécoises et les Québécois.

La prévention et l’intervention généraliste

De son côté, Chloé Champagne-Gagné, représentante des Maisons des jeunes de Lanaudière rappelait : « Les organismes comme les maisons de jeunes œuvrent auprès des jeunes et manquent de reconnaissance pour le travail qui y est effectué. Les préjugés sont tenaces. Pourtant, les maisons de jeunes sont des lieux d’accueil, de soutien et d’intervention auprès des jeunes. Nos employé.es sont autant formé.es que les intervenant.es du réseau public. Il est temps que nous soyons reconnus à notre juste valeur pour notre travail de prévention et l’intervention généraliste que nous effectuons auprès des ados. Les besoins sont grands et actuellement, les maisons de jeunes et les ados se sentent loin des priorités des gouvernements ».

La justice sociale et climatique

Catherine Pouliot, du Mouvement d’éducation populaire autonome de Lanaudière (MÉPAL) est venu rappeler l’importance de défendre collectivement les droits des personnes : « si on veut vraiment faire des changements pour la population, ça prend des mesures importantes pour la justice climatique : d’ici 2030, il faut sortir des énergies fossiles. Il faut réviser notre projet de société collectivement. Il faut prendre soin de notre démocratie et s’assurer que les personnes les plus vulnérables aient aussi leur voix dans notre société ».

Les familles au cœur des préoccupations

Reconnaissant que les organismes communautaires Famille ont reçu des rehaussements du financement à la mission, Sylvie Côté de la Table régionale des organismes communautaires Famille de Lanaudière (TROCFL) rappelait : « il reste encore du chemin pour que l’ensemble des organismes Famille atteignent le financement de base nécessaire à la réalisation de leur mission. C’est 200 000 $ qui est demandé par organisme. De plus, il est important que ces sommes soient indexées pour suivre l’évolution des coûts. Il est difficile pour les organismes d’offrir des salaires compétitifs, ce qui entraîne de gros défis pour attirer le personnel et le retenir en emploi. » De plus, comme dernier rempart pour les familles, les organismes ont des solutions à exprimer et souhaitent être entendus par le ministère et le gouvernement québécois.

Soutenir l’impact des organismes plutôt que les données quantitatives

Pour Sébastien Guernon de la Corporation de développement communautaire de la MRC L’Assomption, un changement de paradigme est nécessaire : « Avec l’approche sociocommunautaire, en soutenant un investissement d’impact, ça permet à des organismes de prendre le temps d’accueillir les familles et de définir avec elles, les motifs qui expliquent les demandes de soutien en aide alimentaire.  De définir la nature des besoins, les sources de réponses et les stratégiques à développer et les actions à mettre en place pour, éventuellement, ne plus avoir besoin d’aide alimentaire. Mesurer l’impact voudrait donc dire mesurer le nombre de familles qu’on n’a plus besoin d’aider, pas le nombre qu’on a aidé. » Il ajoute : « On souhaite que le prochain gouvernement puisse développer et implanter une vision nouvelle, en reconnaissant que d’utiliser la lunette socioéconomique pour lutter contre la pauvreté est un réflexe obsolète et qu’il est maintenant temps de reconnaître que d’investir adéquatement dans l’approche communautaire autonome est gage d’efficacité et d’efficience autant pour l’appareil politique, gouvernemental que les citoyens. »

Chaque citoyenne et chaque citoyen doit être pris en considération

« En 2022, est-il normal d’entendre parler davantage de hockey que des conditions de vie trop souvent misérables des personnes handicapées ? » s’interroge Nathalie Marcotte de la Table de concertation régionale des associations de personnes handicapées de Lanaudière (TCRAPHL). « Dans Lanaudière, on estime que 85 000 personnes présentent une incapacité. Ces personnes ont besoin de soutien, et souvent, les personnes qui les soutiennent ont également besoin de soutien. Or, au lieu de renforcer l’action des organismes qui oeuvrent avec toutes ces personnes, on sent que le gouvernement favorise le financement par projets ou par ententes, au détriment du financement à la mission globale qui permet une réelle consolidation de l’action des organismes. Et c’est la priorité, consolider avant de développer de nouveaux services ou de nouvelles places ».

Soutenir le mouvement communautaire autonome : un choix pour toutes les Québécoises et tous les Québécois

Au-delà de la joute politique, le mouvement d’action communautaire autonome est bon pour l’ensemble des communautés du Québec. Le directeur de la TROCL concluait la conférence de presse en rappelant : « À chaque fois que le mouvement communautaire autonome reçoit un rehaussement du financement à la mission, ce sont des activités qui sont consolidées, ce sont des conditions de travail qui évoluent, ce sont des personnes qui reprennent un pouvoir individuel et collectif pour améliorer la situation. Notre modèle, unique au monde, est rempli d’histoires incroyables de reprise de pouvoir, d’empuissancement et de transformation sociale. Les communautés qui se prennent en main pour relever les défis qu’elles ont identifiés, c’est autonomiser une population, c’est lui donner les moyens d’agir concrètement. Investir dans le mouvement communautaire autonome, c’est améliorer les conditions de vie de centaines de milliers de Québécoises et de Québécois ».

On rappelait alors que les organismes communautaires autonomes du Québec réclament une augmentation de 460 millions de dollars du financement à la mission globale, dont 37 M $ pour les organismes lanaudois, dès le prochain budget. Aussi, l’indexation du financement à la mission de tous les organismes communautaires est également une priorité.

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