Le Plan d’action du Service de police de la Ville de Repentigny (SPVR) sur l’équité, la diversité et l’inclusion banalise le profilage racial qui sévit dans cette municipalité et marginalise les résidents et victimes noirs en ne les incluant pas dans plusieurs des mesures prévues.
Tel est le constat principal de deux organismes noirs de Repentigny, Lakay Média et le Regroupement des résidents noirs de Repentigny, et aussi celui du CRARR, concernant le Plan d’action, rendu public le vendredi 17 septembre dernier.
Le Plan d’action, intitulé « Évoluons au rythme de notre communauté », propose des mesures de changement organisationnel basée sur une approche de d’équité, de diversité et d’inclusion » que le SPVR vise à adopter au cours des cinq prochaines années. Il reconnaît que « les personnes issues des minorités visibles ont été, de 2016 à 2019, entre deux fois et demie et trois fois plus à risque d’être interpellées par le SPVR que les personnes blanches », un constat confirmé par une étude de trois chercheurs indépendants.
Selon monsieur Pierre Richard Thomas, président de Lakay Média, le Plan d’action constitue un premier pas officiel par le SPVR et la Ville de Repentigny vers la reconnaissance d’un problème sérieux entre la police et les personnes racisées de cette municipalité. Il comporte néanmoins plusieurs failles qui risquent de déconsidérer sa propre crédibilité.
« Le document parle d’« allégations de profilage racial » à deux reprises comme si le profilage racial est un problème imaginaire », dit monsieur Thomas.
« Le Plan d’action ne fait aucune mention du racisme anti-noir. Les résidents noirs de Repentigny qui sont les plus touchés par le profilage racial, y sont invisibles. Ce déni volontaire et collectif pousse les policiers à perpétuer la pratique du profilage racial », ajoute-t-il.
Monsieur Thomas déplore aussi le fait que le SPVR retient des experts sur l’équité, la diversité et l’inclusion qui n’ont aucune connaissance, sur le terrain, de ce que vivent les résidents noirs à Repentigny dans leur quotidien.
Pour Pierre Yvenert, président du Regroupement des résidents noirs de Repentigny, le Plan d’action évite les vrais problèmes qui sont à la base le racisme anti-noir à Repentigny.
On ne se reconnaît pas dans ce document. On ne parle même pas de nous, mais seulement de groupes sociaux » et de « la communauté », malgré les données qui montrent que les Noirs sont trois fois plus ciblés par la police ».
« Pourquoi cinq ans ? C’est beaucoup trop long ! On veut des mesures de changement rapides, Doit-on attendre jusqu’en 2026 pour être libres de toute discrimination policière ? », demande-t-il.
Quant à madame Marie-Mireille Bence, dont le fils Jean-René Olivier a été abattu par la police en août dernier, le Plan d’action reste assez muet sur l’exercice discriminatoire de la force excessive.
« A-t-on vraiment besoin de recherche sur les pratiques discriminatoires au sein du SPVR pour conclure que l’intervention durant laquelle mon fils a été tué a été teintée par le fait d’être Noir ? », se demande-t-elle.
«Il y a en outre un grand problème de transparence et j’espère que justice sera correctement rendue », ajoute madame Bence.
Madame Bence a décidé de déposer une plainte de racisme systémique auprès de la Commission des droits de la personne et une plainte contre les policiers concernés auprès du Commissaire à la déontologie policière.
Selon le directeur général du CRARR, Fo Niemi, le Plan d’action du SPVR omet des éléments clés qui risquent de nuire à sa crédibilité.
« On n’y trouve nulle part des références aux chartes des droits et libertés, au racisme systémique et aux obligations du SPVR et de la Ville de mettre en œuvre un programme d’’accès à l’égalité dans l’emploi tel que requis par la loi », déclare monsieur Niemi.
« On noie le poisson du problème central qui est le racisme anti-noir avec les défis d’équité, de diversité et d’inclusion, et on dilue le profilage racial dans le profilage social. Et finalement, nous ne voyons aucune place pour les personnes noires dans le développement, la mise en œuvre et l’évaluation de ces mesures. Exclus dans le diagnostic et exclus dans les remèdes ? », conclut-il.