Dans le cadre d’une journée provinciale d’actions de la campagne de mobilisation « Engagez-vous pour le communautaire », la TROCL a tenu une conférence de presse virtuelle à laquelle se sont joints plus de 160 artisans, artisanes représentant 82 organismes et plusieurs partenaires du mouvement d’action communautaire autonome lanaudois.
Cet événement s’inscrit dans la lignée de la journée nationale d’actions sous le thème Coup de sifflet pour la CAQ. En effet, à l’aube du dépôt d’un mini-budget provincial, le mouvement d’action communautaire autonome demande au gouvernement provincial de respecter ses engagements envers le milieu communautaire. Comme le souligne Pierre Lafontaine, président de la TROCL, le gouvernement reconnaît, remercie et louange le travail quotidien des organismes communautaires autonomes (OCA), il est maintenant temps qu’il passe aux actes et qu’un financement à la mission suffisant soit alloué aux 4000 OCA québécois, dont 200 dans Lanaudière. La tangente actuelle semble favoriser un financement par secteur d’intervention, bien que cela puisse améliorer le quotidien de certains organismes, la réalité est que pendant ce temps d’autres organismes, avec tout autant de besoins, s’appauvrissent et peinent à réaliser leur mission. De plus, au-delà du financement, la question de l’adoption du nouveau plan d’action gouvernemental en action communautaire, le dernier datant de 2004, est réclamée. Étant dû au printemps 2021, nous sommes toujours en attente de son adoption.
Les organismes communautaires autonomes, des acteurs qui transforment nos communautés un pas à la fois!
Saviez-vous que dans Lanaudière se sont près de 100 000 personnes qui sont rejointes par l’un ou l’autre des 200 organismes communautaires autonomes? Au quotidien, ce sont des centaines de citoyen.nes qui franchissent les portes des organismes et qui participent à la vie de ceux-ci. Comme le dit Isabelle Bazinet, intervenante communautaire pour le centre de femmes Avec des Elles : « le centre Avec des Elles est engagé dans la communauté de Brandon. Nous croyons pouvoir dire, sans fausse modestie, que nous sommes des femmes mobilisatrices. Nous mettons de l’énergie à stimuler la participation des femmes, mais aussi des autres organismes du territoire pour faire un changement réel dans la qualité de vie des gens qui y habitent. » Les organismes communautaires autonomes sont en effet reconnus pour être des agents de transformation sociale qui reflètent les besoins des communautés qui les ont fait naître. Ils reçoivent chaque personne comme un humain à part entière, avec ses forces, ses défis et ses capacités. Solange Tougas, coordonnatrice au Groupe Déclic, un organisme en alphabétisation populaire, exprime bien comment cette réalité s’actualise au quotidien : « toutes les formations que nous offrons amènent les personnes à croire en elles, à cheminer, de diverses façons, pour agir sur leur quotidien. Petit à petit, elles prennent conscience de leur pouvoir et de leurs forces et deviennent un acteur de changement pour elles et leur entourage.
Et si demain les organismes, faute de financement adéquat, fermaient leurs portes?
Les retombées des actions des organismes sont indéniables et reconnues de tous. Toutefois, sous ces milliers d’activités, de formations, de concertations se cachent une réalité marquée par ces craintes, des doutes et de la fatigue. Bien que le sous-financement persiste depuis toujours, les derniers 18 mois sous le signe de la pandémie teste les limites des organismes communautaires autonomes. Comme en témoigne Julie Tétreault du Groupe d’Entraide en Toute Amitié de Berthierville : « à chaque jour, nous devons faire preuve de créativité afin de pouvoir répondre à tous les besoins. La charge de travail pour nos employé.es est tout simplement impossible à réaliser. L’équipe est à bout de souffle, mais continue malgré tout. La question est jusqu’à quand ? ». Concrètement que voudrait dire la fermeture du Groupe d’Entraide en Toute Amitié pour sa communauté :
- Une centaine de famille par semaine n’aurait plus accès à des paniers de dépannage alimentaire et souffrirait de la faim.
- 1250 enfants n’auraient plus accès à nos services dans les écoles et ne mangeraient pas suffisamment.
- Plus de 43 720 besoins de base demeureraient sans réponse.
Il s’agit ici de la réalité pour un seul organisme communautaire autonome. Imaginez maintenant les impacts pour 200 organismes. Le sous-financement chronique des organismes oblige ceux-ci à passer des heures à chercher des sources de financement alternatives, à tenter de développer des projets « novateurs » alors qu’ils n’arrivent pas, au quotidien, à répondre aux demandes.
Il est également important de rappeler que notre système de santé n’arrive plus actuellement à répondre aux besoins de sa population. Les citoyens et les citoyennes se tournent souvent vers les organismes communautaires autonomes parce qu’ils cherchent une réponse alternative à ce qu’ils peuvent trouver dans le réseau public, mais, de plus en plus ils se retournent vers les organismes parce que le réseau ne peut plus leur répondre. Comme l’explique Jean-François Doucet, directeur de l’organisme Centre de ressources pour hommes du sud de Lanaudière : « si demain matin il y avait coupure dans les activités et les services dans nos organismes, cela aurait comme effet de surcharger encore plus le système public déjà éprouvé pour les demandes grandissantes de soutien au niveau psychosocial. Concrètement, quand un homme demande de l’aide, il veut une réponse rapidement. Les ressources publiques actuelles sont souvent mal adaptées et suggèrent trop souvent des rendez-vous dans des semaines, voire des mois ! Le communautaire peut répondre adéquatement et de façon humaine ET RAPIDE à ce genre de besoin. Une fermeture de nos activités et des services communautaires en santé bien-être des hommes serait socialement catastrophique. Il ne faut pas attendre les drames avant d’agir, mais bien agir en prévention et en amont avec nos gars. »
Les organismes communautaires autonomes : une richesse collective à préserver!
Les organismes communautaires autonomes font la différence au quotidien pour des milliers de Lanaudoises et de Lanaudois. Pour réaliser leur mission et avoir un impact positif dans les communautés, le gouvernement doit réaliser se promesse d’offrir un meilleur soutien, une plus grande reconnaissance et une simplification des procédures administratives pour l’obtention de financement. Comme le mentionne Hugo Valiquette, directeur de la TROCL, le gouvernement peut corriger la situation maintenant en :
- Augmentant le financement à la mission de 460 M$ pour les 4000 organismes québécois.
- Indexant annuellement les subventions pour tous les organismes.
- Appliquant des mesures pour réparer le filet social mis à mal par la pandémie.
- Le gouvernement doit d’engager dès l’énoncé économique de novembre pour que les organismes ne ferment par leurs portes.