Cinq ans après le décès tragique de Joyce Echaquan, le chef du Conseil des Atikamekw de Manawan, M. Sipi Flamand, le président-directeur général du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Lanaudière, M. Philippe Ethier, ainsi que Mme Jennifer Brazeau, directrice générale du Centre d’amitié autochtone de Lanaudière (CAAL) demeurent résolument engagés à poursuivre les actions visant à offrir des soins et des services culturellement sécurisants aux usagers autochtones de la région. Ensemble, ils dressent un bilan des initiatives réalisées à ce jour.
Une démarche de coconstruction
Afin de toujours mieux orienter et appliquer les actions à poser, les représentants autochtones atikamekw de même que les équipes du CISSS se sont mobilisés pour implanter des mécanismes de collaboration et de coordination permettant l’amélioration continue de soins et de services culturellement sécurisants.
En 2020, le comité de réconciliation a vu le jour afin de réunir les principaux décideurs de la communauté atikamekw de Manawan et du CISSS, avec pour mandat d’assurer le leadership dans le soutien d’initiatives de concertation visant la sécurité et l’équité en santé et en services sociaux pour les peuples autochtones du territoire. En 2025, cette instance a été renommée comité Respect et mieux-être des personnes autochtones de la région de Lanaudière, en plus d’actualiser son mandat.
En 2021, il y a eu la mise en place de la table de concertation Orisinahiketan, réunissant des représentants du CISSS et du CAAL. Cette table a pour but d’établir des liens de collaboration et de partenariat afin d’assurer l’accessibilité, la complémentarité et la continuité des services entre le CISSS et le CAAL. Un nouveau plan d’action 2025-2027 a été conçu en regard des besoins et des enjeux prioritaires, afin d’établir des services de santé et des services sociaux culturellement pertinents et sécurisants pour les personnes autochtones en milieu urbain.
Également, une équipe de sécurisation culturelle accompagne les usagers autochtones aux différentes étapes de leur parcours dans le réseau lanaudois. Notamment, deux agents de liaison et de sécurisation culturelle assurent un service auprès des usagers souhaitant être accompagnés au sein des installations du CISSS, principalement au
Centre hospitalier De Lanaudière (CHDL). À cet égard, la Place Wicakemowin, mise en place en 2022, offre un service de relance de rendez-vous ainsi qu’un lieu adapté à la culture et à l’identité autochtones.
Le processus de recrutement d’un adjoint au président-directeur général – relations avec les communautés autochtones poursuit son cours au CISSS après le départ de M. Guy Niquay, désormais directeur du Centre de santé Masko-Siwin à Manawan, avec qui nous continuons de collaborer. Aussi, un commissaire adjoint aux plaintes et à la qualité des services offerts aux communautés autochtones exerce un travail d’information et de sensibilisation en allant à la rencontre des usagers des Premières Nations, en plus d’adapter ses pratiques à ceux-ci. Soulignons enfin la contribution de M. Paul-Émile Ottawa, vice-chef du Conseil des Atikamekw de Manawan, au conseil d’administration du CISSS.
Des initiatives structurantes
Ces actions et ces mécanismes favorisent le développement de projets importants afin de poursuivre l’intégration d’une approche de sécurisation culturelle dans les opérations quotidiennes du CISSS. Également, des représentants de trois communautés atikamekw et du Bureau du Principe de Joyce ont collaboré à des travaux avec l’Université Laval, finalisés en 2025 et ayant conduit au développement d’un modèle d’intervention appelé Un modèle Atikamekw en faveur de la sécurité culturelle, qui servira d’assise dans la poursuite des travaux en matière de sécurisation culturelle.
Le CAAL demeure aussi fortement mobilisé, entre autres dans le projet de construction d’un nouveau centre multiservice qui offrira notamment de l’hébergement temporaire, des services de santé et des services d’intervention pour les Autochtones résidant ou étant de passage dans la région. Ce projet fait l’objet d’un soutien de la part de la communauté lanaudoise, notamment par le CISSS qui a donné le terrain sur lequel ce nouveau centre sera érigé.
À ces initiatives s’ajoutent diverses collaborations entre les équipes du Centre de Santé Masko-Siwin, du CAAL et les directions cliniques du CISSS, notamment en ce qui a trait au protocole 811, aux opérations de vaccination et au développement d’une offre de soins et de services adaptés. À titre d’exemple, un projet d’intégration sage-femme auprès de la communauté urbaine autochtone est en cours avec la Direction du programme jeunesse et le CAAL. Aussi, une équipe de la Direction des programmes déficience intellectuelle, trouble du spectre de l’autisme et déficience physique est présente à chaque mois au Centre de pédiatrie sociale Mihawoso, à Manawan. De son côté, la Direction des programmes santé mentale et dépendance poursuit le projet Matisiwin avec la communauté de Manawan pour rendre culturellement sécuritaire le continuum adulte en prévention et en postvention du suicide.
Les médecins du GMF-U du Nord de Lanaudière continuent de maintenir des liens étroits avec le Centre de santé Masko-Siwin et assurent la prise en charge des personnes de Manawan qui souhaitent être suivies par l’équipe médicale.
Une meilleure connaissance et compréhension
Cette démarche, au cours des cinq dernières années, a permis d’établir les bases d’une collaboration qui continue de se renforcer. La participation à diverses activités, comme le traditionnel Pow-Wow de Manawan, permet aussi de continuer de développer ces liens, par une meilleure connaissance et compréhension de l’autre, tout comme l’offre de formation obligatoire sur la sécurisation culturelle dispensée au personnel du CISSS.
La Direction du CISSS de Lanaudière, le Conseil des Atikamekw de Manawan et le CAAL sont fiers de constater la mobilisation et les avancées réalisées grâce à tous les acteurs qui croient en cette démarche essentielle visant à établir des solutions pérennes. Ce bilan trace la voie à la vision de ces organisations, celle du faire ensemble, et c’est avec cette intention que le travail se poursuivra.