Bilan Faim 2024 : une augmentation de plus 27.44% des demandes d’aide alimentaire en 3 ans

Courtoisie Moisson Lanaudière

Moisson Lanaudière constate une tendance inquiétante alors que le Bilan-Faim 2024 révèle un nombre de demandes répondues considérables par les organismes de la région. En trois ans seulement, le nombre de demandes d’aide alimentaire a bondi de 27.44%. Et l’ensemble du réseau de Banques alimentaires du Québec (BAQ), qui répond mensuellement à 2,9 millions de demandes d’aide alimentaire à la grandeur du Québec en 2024, ne constate pas de signaux de ralentissement qui laisse présager un avenir meilleur.

Le Bilan-Faim 2024 révèle que les différents indicateurs mesurés sont toujours au rouge :

  • Le nombre de demandes d’aide alimentaire mensuelles répondues par Moisson Lanaudière a augmenté.
  • Encore cette année, une majorité d’organismes desservis sur notre territoire a manqué de denrées.
  • Les usagers des banques alimentaires continuent de provenir de tous les horizons. Ce sont des personnes seules, des travailleurs, des aînés, des parents et des enfants.

« Après 20 ans dans le dépannage alimentaire, je constate que le visage de la pauvreté a changé. Autrefois, nous aidions surtout des personnes âgées, des familles à faible revenu ou des personnes qui étaient en attente de leur prestation de chômage. Aujourd’hui, ce sont des familles de la classe moyenne qui viennent chercher de l’aide. Malgré leurs efforts pour gérer leur budget, l’augmentation constante du coût de la vie, notamment du panier d’épicerie, rend la situation difficile. En région, le manque de transport public adapté et les frais de transport scolaire représentent une charge supplémentaire pour les familles, car un véhicule est souvent indispensable, tant pour le travail que pour d’autres activités quotidiennes. »

Diane Nadeau, Coordonnatrice à la liaison et aux supermarchés, Moisson Lanaudière

Une aide qui a fait du bien, mais qui s’annonce insuffisante

Les 30 M$ octroyés par le gouvernement dans le dernier budget ont fait une grande différence pour notre réseau permettant d’acheter plus de denrées et de faire face à la demande considérable. Toutefois, le constat est clair, bien que l’inflation se soit stabilisée, la pression causée par le coût de la vie est bien réelle et ce sont les plus vulnérables qui continuent d’en subir les effets.

Bien que notre réseau contribue à pallier des trous dans le filet social en appuyant les personnes aux prises avec l’insécurité alimentaire, il sera tout simplement impossible d’avoir un impact durable sans la mise en place de politiques publiques fortes de lutte contre la pauvreté. Le Plan d’action gouvernemental pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale dévoilé à l’été dernier est un pas dans la bonne direction, mais il faudra faire plus pour voir concrètement des répercussions sur les plus vulnérables.

« J’œuvre au sein de la Saint-Vincent-de-Paul de Ste-Julienne depuis maintenant plus de 20 ans, au cours de ces nombreuses années j’ai pu constater que malheureusement, malgré de nombreux efforts, la situation ne s’améliore pas, au contraire, les besoins se font de plus en plus criants. Le visage de la misère humaine a changé et tristement pas de la bonne façon et ce, dans tous les domaines. Au début de mon implication nous recevions des personnes percevant de l’aide gouvernementale et quelques familles monoparentales. Mais, depuis quelques années, nous aidons maintenant beaucoup de personnes âgées qui ne peuvent plus suivre la situation économique dans laquelle nous vivons ainsi que des ménages qui peinent à joindre les deux bouts malgré leur travail. Il faut aider les gens en leur donnant des outils pour ce faire. Cependant il faut que ces mêmes gens soient réceptifs et veulent s’en sortir. Je ne sais pas ce que les prochaines années vont nous offrir, tristement, j’anticipe la misère. Nos défis sont immenses et semblent insurmontables. Malgré tout ce pessimisme je sais que des gens bienveillants se donnent corps et âme afin d’aider et c’est la lumière au bout du tunnel qui est très long à traverser. Mais je souhaite fortement qu’ensemble nous y arriverons! »

Jacqueline Lemay-Venne, Présidente-bénévole, Société Saint-Vincent-De-Paul

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