Crise du logement dans Lanaudière: Des personnes sans-abri, locataires et nouveaux arrivants en subissent encore les conséquences

photo archives

Le Mouvement d’éducation populaire autonome de Lanaudière (MÉPAL) et ses membres rappellent une fois de plus au gouvernement Legault que la crise du logement est loin d’être réglée dans la région. Alors que les « rénovictions » et les hausses abusives de loyer se poursuivent, des propriétaires imposent de nouveaux critères discriminatoires pour éliminer les personnes les plus vulnérables. Pendant ce temps, la CAQ continue de nier que la situation est intenable pour de nombreux locataires, sans parler des personnes sans-abri. Pire, le gouvernement a annoncé un nouveau programme de logement « abordable », ce qui fait craindre une privatisation du logement social aux organismes qui défendent les droits des locataires.

Processus d’intégration bloqué pour une famille de réfugiés

Une situation préoccupante illustre bien les problèmes de logement dans la région: une famille de réfugiés voit son processus d’intégration bloqué depuis le début du mois d’octobre 2021, car il est pratiquement impossible de trouver un logement assez grand pour six personnes à un coût raisonnable. Le CRÉDIL (Centre régionale d’éducation au développement international de Lanaudière), l’organisme qui a été mandaté par le gouvernement du Québec pour l’accueil des personnes réfugiées dans la région, a lancé un appel à l’aide en décembre pour trouver une solution pour cette famille. Cette famille, n’est que le visage de ce qui nous attend si les choses ne changent pas, des intégrations ralenties voire mêmes sur pause pour des personnes qui choisissent Lanaudière pour y vivre.

Il est à noter qu’une situation semblable frappe les autres villes du Québec dans les 14 régions qui sont désignées pour accueillir les personnes réfugiées, notamment à Rimouski. Notre région n’y échappe pas, il y a chez nous aussi une pénurie de main d’œuvre. Au 1er janvier 2021, il y avait selon le Ministère de l’emploi, 3332 postes vacants dans la MRC de Joliette, pour seulement 400 candidatures. Sylvain Thibault, chargé de programme en immigration au CRÉDIL, demande « Comment pouvons-nous attirer des nouveaux arrivants qui sont aussi des travailleurs alors que nous ne sommes plus en mesures de les loger adéquatement? » Le CREDIL s’inquiète non seulement pour ces nouveaux arrivants mais également pour les entreprises en manque criant de personnel.

Raisons et conséquences de la crise sur les locataires

Amélie Pelland, coordonnatrice et intervenante sociale à Action Logement Lanaudière, explique les raisons de la situation dans la région : « Depuis maintenant plus de deux années, la pénurie de logements dans la région de Lanaudière entraîne  un déséquilibre au niveau de l’offre et la demande, ce qui augmente des hausses de loyers abusives et même illégales et augmente également le phénomène de discrimination de plus en plus présent. » La situation de surenchère immobilière ainsi que l’exode de Montréal vers la région de Lanaudière contribue au déséquilibre de l’offre et la demande.

Malheureusement, beaucoup de maisons dans la région ont été vendues à des acheteurs qui souhaitent vivre dans celles-ci et qui demandent alors aux locataires qui louent ces maisons de quitter (reprise de logement). Les familles qui ont alors besoin de louer un espace plus grand telle une maison (location) ont de plus en plus de difficulté à se loger. Ils doivent sinon vivre entassés dans de petits appartements. L’accès au logement devient de plus en plus difficile pour les personnes vulnérables et de la classe moyenne. « Nous sommes préoccupés par la situation. L’itinérance va certainement augmenter si le gouvernement n’intervient pas pour restreindre cette crise par un meilleur encadrement des lois ainsi que l’augmentation du nombre de logements sociaux », conclut Mme Pelland.

Des gens meurent dans la rue, pourtant des solutions existent

Autre exemple de l’état de la situation dans Lanaudière : la Maison populaire de Joliette, avec l’aide d’autres organisations, a dû ouvrir depuis le 17 janvier une unité de débordement pour l’itinérance durant les nuits où il fait moins de 15 degrés pour accueillir les personnes itinérantes ou démunies qui n’ont nulle part d’autre où aller. Alors qu’on vient d’apprendre le décès d’une autre personne itinérante dans les rues de Montréal cette fin de semaine, la quatrième depuis le mois de janvier 2021, il est grand temps que le gouvernement soutienne adéquatement les organismes communautaires autonomes et renforce le filet social.

« Combien de morts est-ce que ça va prendre pour que le gouvernement reconnaisse qu’il doit en faire plus pour aider les personnes qui vivent en situation de pauvreté? » demande François Van Vliet, agent d’éducation populaire et de mobilisation au MÉPAL. « Un premier pas serait de reconnaître qu’on vit une crise du logement et de prendre des actions pour y remédier », ajoute-t-il. En effet, des solutions sont demandées depuis des années par les organismes d’aide aux locataires et les regroupements nationaux, dont : un registre des loyers, un contrôle des loyers et le financement de logements sociaux. Le MÉPAL invite les organismes et la population à soutenir ce mouvement pour le droit au logement!

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