C’est le 2 juin dernier que le Bureau de la recherche, de la statistique et du développement institutionnel du Cégep de Lanaudière présentait les résultats du projet de recherche Les parcours scolaires dans la région de Lanaudière, au café étudiant du Cégep de Lanaudière à Terrebonne. Près de 70 participants, issus de différents organismes ainsi que du milieu secondaire, collégial et universitaire étaient présents à cette occasion.
Cette présentation visait, entre autres, à enrichir la réflexion collective en présentant des données inédites et des pistes de réflexion afin d’ouvrir le dialogue pour mieux comprendre la persévérance et les trajectoires scolaires des étudiants lanaudois.
Mené par monsieur Pierre Doray, professeur émérite et chercheur à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), et par mesdames Natacha Prats, de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), et Pascale Saint-Denis, de l’UQAM, en collaboration avec le Cégep de Lanaudière, le projet de recherche met en lumière certains défis et enjeux liés à l’accessibilité aux études postsecondaires des Lanaudois. Il explore entre autres l’impact des transitions entre les ordres d’enseignement et la mobilité des étudiants vers d’autres régions pour poursuivre leur formation.
Quelques faits saillants : des Lanaudois plus mobiles en raison de l’offre de formation
L’étude a su démontrer qu’il existe une plus faible poursuite vers les études postsecondaires dans la région de Lanaudière. En effet, la littérature mentionne que les personnes qui quittent leur région pour les études postsecondaires ont moins tendance à y revenir. Le rapport propose l’hypothèse que les Lanaudois ne sont pas moins scolarisés, mais plus mobiles.
Parallèlement, l’étude illustre que, dans la mesure où le taux d’accès aux études postsecondaires est différent selon la filière d’études au secondaire, le fait que moins d’élèves se retrouvent dans les filières enrichies, incluant le privé, dans la région peut nous aider à comprendre la plus faible poursuite vers les études collégiales et universitaires.
En tenant compte que l’offre de formation universitaire lanaudoise, au moment de l’analyse, était plus axée sur la formation continue, l’étude pose l’hypothèse que cette réalité pourrait expliquer, au moins en partie, que les étudiants doivent se déplacer dans les régions limitrophes pour accéder à certains programmes universitaires de formation initiale. D’ailleurs, les données présentées par le groupe de chercheurs mettent en lumière que la moitié des diplômés du secondaire se destinant aux études collégiales poursuivent des études collégiales dans un cégep d’une autre région que Lanaudière, et ce, en très grande majorité dans les régions limitrophes.
Bien qu’il existe encore une part d’ombre dans les données recueillies afin de dresser un portrait complet des parcours étudiants, cette recherche se veut une prémisse invitant à approfondir la réflexion sur le travail nécessaire pour penser et comprendre les transitions et pour favoriser la réussite des étudiants lanaudois, entre autres, par la mise en place de politiques favorisant le retour aux études et en repensant la fluidité des systèmes de transports collectifs.
Qui plus est, l’exercice démontre une fois de plus la pertinence des collaborations interordres, comme celles effectuées dans le cadre du Pôle lanaudois en enseignement supérieur, et l’impact de l’offre de programmes au sein de la région.
« Nous tenons à remercier les chercheurs qui ont mené ce projet avec passion et rigueur », de mentionner Marc-Antoine Charette, directeur adjoint au Bureau de la recherche, de la statistique et du développement institutionnel du Cégep de Lanaudière. « En apprendre davantage au sujet des défis et des transitions qui jalonnent les parcours étudiants permet assurément de favoriser la réussite pour toutes et tous, sans discrimination, afin de mieux soutenir les étudiants », de poursuivre M. Charette.
Le Cégep tient par ailleurs à souligner la contribution du Pôle lanaudois en enseignement supérieur dans la réalisation de ce projet.
À propos de l’équipe de recherche
Pierre Doray
Pierre Doray est professeur associé au département de sociologie de l’Université du Québec à Montréal et au Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie (CIRST). Ses recherches actuelles portent sur les parcours des étudiants et sur les politiques éducatives en matière d’accès, de persévérance et de lutte contre le décrochage. En parallèle, ses travaux portent aussi aux politiques éducatives en formation professionnelle et dans l’enseignement supérieur ainsi que sur le développement de l’éducation des adultes. Il a été membre du Conseil supérieur de l’éducation (Québec) de 2008 à 2015 et président de la Commission de l’éducation des adultes du même conseil. Actuellement, il est président de l’Institut de coopération pour l’éducation des adultes, association sans but lucratif dont la mission est de favoriser le développement de l’éducation des adultes.
Natacha Prats
Natacha Prats est étudiante au doctorat en études des populations à l’Institut national de la recherche scientifique et est membre étudiante du Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie (CIRST). Sous la direction de Xavier St-Denis, sa thèse doctorale s’intéresse aux différences de genre dans les trajectoires scolaires dans l’enseignement postsecondaire et se spécialise dans l’utilisation des données administratives de Statistique Canada.
Pascale Saint-Denis
Pascale Saint Denis est diplômée d’une maîtrise en science, technologie et société de l’Université du Québec à Montréal. Après avoir obtenu son baccalauréat en développement international à l’Université d’Ottawa, elle a travaillé au Centre de recherches pour le développement international (CRDI) en Éducation et sciences à titre de Boursière de recherche. Sa recherche a examiné l’incorporation des arts en recherche scientifique dans les pays à revenu faible et moyen et l’inclusion sociale. En s’inspirant des thèmes de son projet de recherche au CRDI, son mémoire de maîtrise porte sur les expériences qui façonnent les aspirations professionnelles des étudiants et étudiantes ayant une formation scientifique et artistique simultanée au collégial. Pascale commencera son doctorat en sciences de l’éducation à l’Université McGill à l’automne 2025, où elle continuera d’explorer les questions d’une éducation intégrée combinant les sciences et les arts, ainsi que les identités scientifiques des élèves dans un programme d’apprentissage informel.
Pour consulter l’étude complète : Les transitions vers et au sein de l’enseignement postsecondaire dans la région administrative de Lanaudière – Pôle lanaudois en enseignement supérieur