Les statistiques ont démontré que la pandémie a créé une grande augmentation de parents qui ont choisi de faire l’école maison. Dans la province, c’est environ 12 000 enfants qui étaient inscrits à l’école à la maison au cours de l’année 2020-2021, soit le double de l’année précédant la pandémie. Le même phénomène a pu être constaté dans Lanaudière, avec presque 1000 enfants inscrits au plus fort de la pandémie.
Alors que l’on pouvait imaginer une importante baisse de ce choix en raison de la fin des règles sanitaires, les statistiques nous démontrent que ce n’est pas le cas. En 2023-2024, c’est environ 700 enfants qui font l’école à la maison, soit 35% de plus que le nombre d’enfants scolarisés à la maison un an avant la pandémie.
Une récente étude scientifique menée dans le Nord de Lanaudière à l’automne 2023 et publiée récemment par le Centre d’apprentissage en forêt Arborescence située à Saint-Jean-de-Matha révèle que ce choix n’est plus tant motivé par la pandémie. Selon les parents répondants, c’est davantage la liberté et la flexibilité que cela donne à la famille qui prime ainsi que le désir de faire de l’école un véritable projet familial. Selon eux, l’enrichissement qu’ils offrent à la maison est plus grand. Selon Christine Brabant, chercheuse et professeure titulaire en fondements et administration de l’éducation à l’Université de Montréal et qui a collaboré à cette étude, ces résultats rejoignent ses recherches sur l’école maison : « Une étude que j’ai dirigée en 2021 à l’échelle de la province a en effet révélé la prédominance de raisons reliées à la qualité de vie familiale et à la richesse de ce contexte d’apprentissage. Nous arrivons ici au même constat ! ».
L’étude menée par Arborescence nous apprend par ailleurs que 45% des familles affirment que la qualité de l’enseignement à l’école diminuée à cause de la pénurie des enseignants a eu une grande ou très grande importance dans le choix de faire l’école à la maison. Selon Fabien Torres, professeur de sociologie au niveau collégial et chercheur qui a dirigé cette étude, il est nécessaire d’entendre le message derrière cela : « Cet élément n’est pas dans le top 3 des raisons les plus importantes de faire l’école à la maison, mais elle est dans les 15 premières sur 63 ! Une famille m’a même témoigné que le taux de roulement des enseignants dans l’école de leur village les a fortement convaincus de faire ce choix. Une autre famille d’un autre village a également décidé de sortir leur enfant de l’école en raison des difficultés importantes vécues dans la classe. C’est non négligeable! »
En terminant, l’étude démontre l’importance des centres d’apprentissage en forêt, qui apparaissent un peu partout au Québec. Les familles y voient l’opportunité d’offrir à leurs enfants un contact avec la nature, des activités de socialisation et la possibilité de vivre des expériences variées.
Constatant les bénéfices que cela a sur les enfants, Arborescence a commencé cette année à offrir des activités utilisant la pédagogie par la nature dans les écoles. Selon Fabien Torres : « Nous avons encore trop peu d’étude sur l’impact des centres d’apprentissage en forêt sur les familles et les enfants, mais si nous voulons au Québec développer encore plus la pédagogie par la nature, ces initiatives doivent être encouragées autant à l’intérieur des écoles qu’à l’extérieur ».
Lien vers le rapport statistique de l’étude sur l’école maison