L’agriculture industrielle pratiquée au Québec n’est pas durable. C’est là un des constats que les participants au panel « Quelle agriculture pour une alimentation durable ? » ont pu démontrer, le 26 octobre dernier, lors de l’événement organisé dans le cadre de la Journée institutionnelle de l’environnement au Cégep de Lanaudière à L’Assomption.
Cet événement, réalisé en collaboration avec le cégep de L’Assomption, L’Assomption en transition, Collectivité ZéN (zéro émission nette) L’Assomption-D’Autray et la Caisse d’économie solidaire Desjardins, a réuni trois experts des systèmes alimentaires pour parler de différents enjeux de l’agriculture industrielle actuelle au Québec.
Il s’agit de Maxime Laplante, agronome, producteur céréalier biologique, fondateur et ex président de l’Union Paysanne; Pascal Priori, co-fondateur de Victimes des pesticides du Québec, spécialiste des impacts des pesticides sur la santé humaine; ainsi que Madame Louise Vandelac, professeure titulaire au Département de sociologie et à l’Institut des sciences de l’environnement à l’Université du Québec à Montréal, fondatrice et directrice du Collectif de recherche écosanté sur les pesticides, les politiques et les alternatives (CREPPA).
Les constats dévoilés par les experts sont pour le moins déconcertants. M. Laplante a démontré, statistiques officielles à l’appui, la non viabilité de l’industrie agricole au pays. Les revenus des agriculteurs étant à la baisse et à part à peu près égale avec les subventions de l’État, tandis que le taux d’endettement atteint des sommets inégalés, principalement en raison des investissements dans les nouvelles technologies (agtech).
Monsieur Priori a communiqué les résultats d’études récentes démontrant les liens entre l’exposition professionnelle aux pesticides et des maladies très graves telles que des cancers, la maladie de Parkinson, des maladies respiratoires, des troubles cognitifs et des troubles de la reproduction. Des traces de pesticides sont présentes dans 99% des urines d’enfants de 3 à 7 ans au Québec sans que les autorités publiques ne semblent s’en préoccuper. Monsieur Priori a également dénoncé les contrats fermés auxquels sont assujettis des travailleurs étrangers dans certaines fermes québécoises, qui, selon un rapporteur spécial de l’ONU, rendent ces travailleurs à risque de subir les conditions d’un esclavage moderne.
Madame Vandelac a abordé les enjeux de la concentration de l’industrie alors que les marchés des semences, fertilisants, pesticides, équipements et, depuis peu, les données numériques des fermes sont contrôlés par une poignée de multinationales. Elle a souligné l’opacité et le laxisme du Canada et du Québec en matière de réglementation des pesticides. L’utilisation du glyphosate en est un exemple alors que la norme québécoise est de 210 unités tandis que la norme européenne est de 0.1. On a pu également apprendre que le secteur des nouvelles technologies, dont le secteur agtech, est fortement contributeur à la hausse des gaz à effets de serre.
Ces constats trop peu connus du grand public donnent à penser que les citoyens auront beaucoup à faire pour réussir à transformer les politiques agricoles actuelles, encore trop souvent à la remorque des puissants lobbies industriels, si nous souhaitons accéder un jour à une alimentation saine et durable.