À l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, les membres de la Table solidarité pauvreté se sont réunis ce matin au parc de l’Île-Lebel pour inaugurer la plantation de deux mûriers blancs, près de la réplique de la Dalle du Parvis des Droits de l’Homme à Paris — un monument unique, dont seulement six exemplaires existent à travers le Canada. La dalle de Repentigny a été réalisée par l’artiste Yves Gamache.
Cet événement symbolique s’inscrit dans la tradition du mouvement ATD Quart Monde, initiateur de cette journée internationale. Le 17 octobre est un moment de rassemblement pour affirmer collectivement notre refus de la misère et réitérer notre engagement pour les droits humains, la justice sociale et la dignité pour toutes et tous.
Des arbres porteurs de sens
Planter deux mûriers blancs n’est pas anodin. Cet arbre, symbole de patience et de persévérance, incarne parfaitement les valeurs portées par la lutte contre la pauvreté. Sa croissance lente mais résiliente évoque le chemin difficile mais essentiel vers un monde sans exclusion.
Le mûrier blanc est aussi un arbre nourricier. Ses feuilles, qui nourrissaient autrefois les vers à soie, symbolisent le droit fondamental à la subsistance, mais aussi celui de tisser sa propre vie avec dignité. Ses fruits abondants rappellent que la vraie richesse est celle qui se partage équitablement.
« En planter deux, côte à côte, c’est inscrire dans le vivant notre volonté d’unir nos forces, nos voix et nos engagements assure David Magny, membre de la table solidarité pauvreté. Ils grandiront ensemble comme deux témoins : l’un de la mémoire des injustices passées, l’autre de la promesse d’un avenir plus juste. »
Colette Thibault Doré, également impliquée à la table, a tenu à rappeler que :
« Nous devons être une voix pour les sans voix. Un des plus grands handicaps pour toutes personnes, ce sont les préjugés. En quelques secondes, on se forge déjà une idée de la personne devant nous, et l’apparence peut tellement être trompeuse ! Nous devons dénoncer l’humiliation et l’exclusion afin d’éliminer la pauvreté sous toutes ses formes. »
Elle a aussi souligné : « Il est important de comprendre que chaque organisme communautaire n’est qu’un maillon de la grande chaîne humaine. »
Enfin, Colette Thibault Doré a rappelé un constat troublant mais bien réel :« Le visage de la pauvreté a changé. La famille de classe moyenne se retrouve aujourd’hui à demander de l’aide. Le coût de la vie, des loyers, des denrées est tellement plus élevé. »
Un témoignage porteur d’espoir
Le moment fort de la journée a été sans contredit le témoignage émouvant de « Mélanie », une femme ayant elle-même vécu la précarité, et aujourd’hui engagée dans l’action communautaire autonome.
« Il fut un temps dans ma vie… où le temps semblait s’écrouler.
Les factures s’empilaient, le frigo se vidait et chaque jour, je me demandais comment j’allais y arriver. Je me souviens du poids du découragement et de la honte qu’on ressent parfois quand on n’a plus rien à donner, même à soi-même.
Et puis, Fin à la Faim m’a tendu la main.
Ce jour-là, ce n’était pas seulement de la nourriture qu’on m’offrait ; c’était de la lumière, un peu d’humanité… et surtout, l’espoir que les choses pouvaient s’arranger.
Grâce à eux, j’ai repris confiance. Petit à petit, j’ai retrouvé ma force, ma dignité et le courage de me relever.
Aujourd’hui, la vie m’a ramenée ici, mais de l’autre côté de la table.Je fais partie de ceux et celles qui se battent chaque jour pour que plus personne ne ressente ce vide et pour que la faim ne soit plus un fardeau caché dans le silence.
Quand je regarde cette statue, je vois plus qu’un symbole.
Je vois toutes les mains tendues, toutes les histoires comme la mienne, toutes les victoires du cœur.
La pauvreté ne définit pas qui nous sommes. Ce qui nous définit, c’est notre capacité à nous relever et à tendre la main à notre tour. Je me tiens ici, fière, parce qu’un jour, quelqu’un a cru en moi. Et aujourd’hui, à mon tour, je crois en ceux et celles qui ont encore besoin d’un peu d’espoir.
Merci Fin à la Faim, et à tous ceux qui refusent d’abandonner la lutte contre la pauvreté.
Parce que chaque repas partagé, chaque regard bienveillant, peut changer une vie.
Moi, ça a changé la mienne. »
Un lieu symbolique à découvrir
Le parc de l’Île-Lebel abrite une réplique rare de la Dalle du Parvis des Droits de l’Homme, en hommage à l’inscription originale située à Paris, sur le parvis du Trocadéro. Ce lieu de mémoire accueille depuis plusieurs années des actions de sensibilisation et de mobilisation communautaire en lien avec la lutte contre la pauvreté.