Le Bloc Québécois s’inquiète de voir Ottawa investir dans l’énergie nucléaire au profit d’une filière industrielle ontarienne plutôt que de financer une transition vers l’électricité propre. La formation indépendantiste réclame donc l’abandon du déploiement anticipé de petits réacteurs modulaires.
« Le Québec a mis fin au nucléaire en 2012 sous le gouvernement de Pauline Marois en fermant Gentilly-2, a déclaré Yves-François Blanchet, chef du Bloc Québécois. Cette année-là, j’ai géré les retombées de cette décision à titre de ministre régional. Plutôt que de reconstruire Gentilly au coût de 4 G$, le Québec a créé un fonds de diversification économique de 200 M$ et ainsi jusqu’à dix fois plus d’emplois que ceux qui auraient été perdus à la centrale. La région a vu émerger une nouvelle cohorte d’entrepreneurs. Le Canada doit suivre l’exemple du Québec, surtout qu’il n’a jamais mis un sou dans Hydro-Québec. Ce favoritisme pour l’Ontario et contre l’environnement est déloyal pour les régions du Québec. Notre plan de relance propose plutôt d’habiliter les régions, comme l’ont fait la Mauricie et le Centre-du-Québec en 2012, à faire leurs propres choix économiques et écologiques. »
Le 18 novembre, le ministre des Ressources naturelles, Seamus O’Regan, annoncera une stratégie nationale de l’hydrogène qui inclurait le déploiement de petits réacteurs nucléaires modulaires. Il s’agit d’une technologie en développement visant à remplacer la production d’électricité par recours aux énergies fossiles, notamment en région. Le Ralliement contre la pollution radioactive sonne l’alarme alors qu’une étude de l’Université du Sussex échelonnée sur 25 ans démontre que les pays qui tentent de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre grâce au nucléaire échouent systématiquement.
« Le Ralliement a raison. Le fédéral conduit le Canada vers un mur en misant sur le nucléaire comme forme d’énergie propre, ce qu’il n’est absolument pas. Plus encore, les réacteurs nucléaires en question ne pourront être déployés avant 10 ans minimum. C’est maintenant qu’il faut agir », a déploré Monique Pauzé, porte-parole du Bloc en matière d’Environnement.
Mme Pauzé s’est aussi inquiétée de la prolifération des déchets nucléaires alors qu’une entreprise ontarienne cherche toujours à développer un site d’enfouissement à Chalk River, sur les berges de la rivière des Outaouais. « Alors qu’en Ontario, on veut enterrer des déchets nucléaires au bord de la source d’eau potable de millions de Québécois, l’argent des contribuables ne doit pas servir à financer le nucléaire. Ottawa va encourager la prolifération des déchets radioactifs alors qu’il n’a pas de plan pour gérer ceux qu’il produit déjà! Pour des raisons de sécurité, en plus des raisons écologiques, Ottawa doit abandonner ».
La députée fédérale de Repentigny a également dénoncé que des fonds publics servent à développer une industrie ontarienne alors qu’une solution québécoise existe déjà. « De l’énergie propre, le Québec en vend. Encore une fois, le fédéral prend l’argent des Québécois pour développer une filière de réacteurs en Ontario alors qu’il pourrait soutenir le recours aux vraies énergies vertes du Québec. Conséquemment, le fédéral doit abandonner cette stratégie polluante, potentiellement dangereuse et préjudiciable envers le Québec. »