Une troisième murale coproduite par le Musée d’art de Joliette et le Centre d’amitié autochtone de Lanaudière sera inaugurée le 5 octobre prochain. Après Eruoma Awashish en 2020, puis Marie-Claude Néquado en 2022, c’est au tour de l’artiste Catherine Boivin de réaliser l’œuvre qui occupera pendant deux ans un espace hautement symbolique à l’entrée du Musée et de la Ville de Joliette.
« Nous avons très hâte de présenter au public la murale Ke miritan [Ce que je vais te donner], de l’artiste atikamekw nehirowisiw Catherine Boivin. Avec ce programme de murales développé en 2020 avec le Centre d’amitié autochtone de Lanaudière, nous souhaitons travailler concrètement au dialogue et au rapprochement entre les peuples et contribuer significativement au rayonnement de l’art autochtone », déclare Annie Gauthier, directrice générale et conservatrice en chef du Musée d’art de Joliette.
« Depuis plusieurs années, le Centre d’amitié autochtone de Lanaudière tisse des liens profonds avec les acteurs culturels de la région et cette troisième murale démontre la volonté du milieu de s’unir et de laisser la place aux voix autochtones de façon pérenne dans des endroits centraux de la vie citoyenne. Cette initiative a d’abord été une réponse à la mort tragique de Joyce Echaquan et elle se transforme doucement en symbole puissant qui nous rappelle que l’art est un vecteur de changements sociaux », souligne Sabrina Paton, coordonnatrice de développement culturel au Centre d’amitié autochtone de Lanaudière.
INAUGURATION EN PRÉSENCE DE L’ARTISTE CATHERINE BOIVIN
Le samedi 5 octobre, de 13 h à 14 h
À l’occasion du vernissage automnal du Musée d’art de Joliette
Prise de parole et goûter
Performance de l’artiste
Gratuit et ouvert à toutes et à tous – aucune réservation requise
À PROPOS DE L’ŒUVRE
La murale Ke miritan [Ce que je vais te donner], de l’artiste atikamekw nehirowisiw Catherine Boivin, aborde le thème de la transmission, sous l’angle de la réparation et de la résilience, deux enjeux qui étaient également au cœur des murales précédentes, Mackwisiwin [La force] par Eruoma Awashish (2020) et Mirwatisiwin [La guérison] par Marie-Claude Néquado (2022), crées en mémoire de la mort de Joyce Echaquan.
En atikamekw, c’est par l’expression « dans ton sang » que l’on nomme la transmission, le fait de se souvenir. Par son œuvre, l’artiste rend hommage à cet héritage et à la mémoire de ses ancêtres qui circule en elle, qu’elle peut à son tour léguer et réinterpréter.
Avec Ke miritan [Ce que je vais te donner], Catherine Boivin pose un regard actuel sur sa culture atikamekw. Elle s’intéresse aux legs des savoirs liés au territoire, aux plantes et à leur potentiel de guérison, à leur représentation à travers l’ornementation des vêtements ou des mocassins, ainsi qu’au geste de fabrication de ces habits. Connaissances et savoir-faire s’entremêlent ici comme autant de transmissions possibles des cultures autochtones, qui se révèlent dans le travail des matériaux bruts et des matières végétales, issues de la terre et intrinsèquement connectées au territoire, comme au corps.
À PROPOS DE L’ARTISTE
Fortement inspirées par la culture atikamekw, les œuvres de Catherine Boivin suscitent des réflexions sur l’actualité, la modernité et l’histoire. L’artiste aborde des thèmes qui touchent particulièrement les peuples autochtones, tels que le rôle des femmes, les critères de beauté, les stérilisations forcées, l’occupation du territoire et le colonialisme. Ce faisant, Catherine Boivin déconstruit les visions stéréotypées (autant positives que négatives) et propose une lecture personnelle et contemporaine de sa culture.
Adepte de course à pied, de musculation et de sport, l’artiste approfondit sa corporalité en questionnant comment l’endurance physique s’incarne dans les pratiques culturelles, du nomadisme jusqu’à aujourd’hui. Elle travaille la peinture, la sculpture et la performance tout en explorant des médiums tels que la vidéo, le son et le dessin numérique. À travers ses performances, l’artiste crée ses propres rituels afin de soigner les maux et réalise des gestes pour faire irradier la résilience sur les blessures.
Originaire de la communauté de Wemotaci, Catherine Boivin est atikamekw nehirowisiw habitant la communauté abénakise d’Odanak. Elle a notamment participé à l’exposition collective De tabac et de foin d’odeur. Là où sont nos rêves (2019, Musée d’art de Joliette). D’abord présentée à daphne, centre d’art autochtone autogéré (2022, Tio’tia:ke / Montréal), Nikotwaso a été sa première exposition solo. Depuis 2022, elle siège sur le conseil d’administration du Wapikoni Mobile. Marathonienne, danseuse de fancy shawl, conférencière et militante, Catherine Boivin cumule plusieurs rôles dont celui de créatrice de contenu, afin de sensibiliser aux questions autochtones sur les réseaux sociaux.