Le quadragénaire soupçonné d’avoir proféré des menaces de mort contre le premier ministre du Québec, François Legault, et le Directeur de la Santé Publique, le Dr Horaccio Arruda, a décidé de régler ses comptes avec la justice.
Alors qu’il devait subir son enquête sur remise en liberté, Philippe Côté, 47 ans, de Québec, a plutôt reconnu sa culpabilité, ce matin (21 mai), au palais de justice de Joliette, à deux chefs d’avoir fait des menaces de mort ou de causer des lésions corporelles, les 13 et 14 mai dernier.
Avant d’accepter ce plaidoyer de culpabilité, le juge François Landry s’est adressé à l’accusé, par visioconférence, afin de vérifier s’il comprenait bien les conséquences de ce plaidoyer et si ce dernier était libre et volontaire. Vêtu sobrement, via sa cellule du centre de détention où il est détenu depuis son arrestation, le 16 mai dernier, M. Côté a répondu calmement aux questions du juge et avec aplomb.
Selon le résumé des faits déposé en cour, une personne travaillant au bureau de circonscription de M. Legault, à l’Assomption, a communiqué avec les policiers, le 14 mai dernier, pour des messages téléphoniques menaçants laissés dans la boîte vocale du bureau.
Le premier message, laissé le 12 mai dernier à 22h, est d’une durée approximative d’une minute et s’adressait directement à François Legault. Un homme, d’une voix calme mais ferme, l’a mis en garde pour l’essentiel du message, à l’effet qu’il est déçu d’avoir voté pour lui et qu’il espère qu’il a profité de ses dernières marches de liberté, puisqu’il devra être accompagné dorénavant de gardes du corps, qu’il est corrompu et que ses jours comptés.
Le second message, laissé quelques heures plus tard, à 3h16 du matin, était aussi d’une durée d’une minute environ et s’adresse autant à M. Legault qu’au Dr Horacio Arruda. Le même homme s’exprime cette fois en criant et en sacrant de façon agressive, et fait part de son mécontentement avec la situation actuelle. Il s’insurge notamment contre une vidéo du Dr Arruda, et traitent ces derniers de dictateurs et de communistes. Il mentionne ensuite qu’il n’a pas d’arme à feu, mais qu’il pense qu’il va en trouver une, et qu’il sera le premier à tirer « … une balle entre les deux oreilles… ». Il lance aussi plusieurs insultes à leur endroit et les mets en garde qu’ils devront être accompagnés de bons gardes du corps.
L’enquête de la Sûreté du Québec a rapidement permis d’identifier la provenance de ces appels, soit du téléphone de l’accusé alors qu’il se trouvait aux États-Unis dans le cadre de son travail de camionneur.
La procureure de la Couronne dans ce dossier, Me Valérie Michaud, a expliqué au tribunal qu’à la suite de l’émission d’un avis de guet par l’agence des Services Frontaliers du Canada à l’endroit de Philippe Côté, ce dernier a été interpellé à son retour au pays par cette dernière.
Une fouille de sa remorque a été effectuée, en vertu de la Loi sur les douanes, mais n’a pas permis de trouver des armes ou des objets illégaux. Cependant, certaines constatations inquiétantes ont été faites par les douaniers.
C’est ainsi que plusieurs bouts de papiers ont été retrouvés avec des inscriptions prônant différentes théories du complot politique impliquant différents politiciens, tant canadiens qu’américains. Par ailleurs, il n’y a aucune mention de noms de politiciens provinciaux, ni de celui de messieurs Legault et Arruda.
C’est le 16 mai dernier que Philippe Côté a été arrêté par la Sûreté du Québec sur l’autoroute 40, à la hauteur de Lanoraie.
Avant d’enregistrer le plaidoyer culpabilité, la Couronne avait accepté de remettre l’accusé en liberté, Ce dernier devra se soumettre à de sévères conditions.
Il devra notamment demeurer à son domicile de Québec et remettre son passeport aux autorités policières. Il lui sera interdit de se trouver dans les bâtiments du bureau montréalais du Premier Ministre, dans les bâtiments du Parlement de l’Assemblée nationale du Québec, dans les bâtiments du bureau du Premier Ministre situés dans la Ville de Québec et dans les bâtiments de l’Institut nationale de la Santé Publique, ou à tout autre endroit où pourrait demeurer François Legault et sa famille immédiate, de même que Horacio Arruda et sa famille immédiate, et ce, quelle que soit l’adresse.
Il ne pourra pas se trouver à l’intérieur d’un rayon de 1 km de François Legault, de son entourage professionnel et de sa famille immédiate; ainsi qu’à l’intérieur d’un rayon de 1 km du Dr Horacio Arruda, de son entourage professionnel et de sa famille immédiate.
il devra pas communiquer ou tenter de communiquer de quelque façon que ce soit avec François Legault et Horacio Arruda , avec les membres de leur famille immédiate ainsi qu’avec le bureau de la circonscription de l’Assomption.
« Nous avons accepté de remettre en liberté M. Côté car c’est une personne sans antécédent judiciaire. Nous avons fait des recherches sur ses déplacements depuis le début de la pandémie. C’est une personne qui n’allait qu’à son travail », a expliqué Me Valérie Michaud, procureure de la Couronne.
« Mon client est repentant et a un travail stable. Lui et sa conjointe ont été fortement atteint, sur le plan émotif et professionnel, par la COVID-19 », a souligné à InfoLanaudière, Me Olivier Morin, avocat de la défense.
Un rapport présententiel a été demandé par les deux parties. Philippe Côté reviendra en cour le 25 septembre prochain, pour les représentations sur sentence.